• Lyazid DJERDANE a publié Mémoire de voyage

    C'était en pleines démarches et préparations fiévreuses pour effectuer un voyage aux U.S.A avec comme point de chute la ville de New York City,que j'avais pris connaissance d'une nouvelle inattendue: le nouveau président Donald Trump sorti vainqueur des élections,annonce des mesures restrictives sur l'immigration avec liste des pays,il se trouve selon les informations relayées par la presse et chaines satellitaires que les premiers concernées dans cette affaire sont des personnes de religion musulmane.
    Que faire alors? mois qui est arabe et musulman?même si je jouerai le rôle d'un comédien pour dissimuler mes origines,mes traits,ma physionomie seront là pour prouver aux autres le contraire.
    Visa donc obtenu,billet d'avion acheté,réservation faite,bagages ficelés,c'est le désarroi,surtout qu'il n'y a aucun doute sur le sérieux de ce que à quoi je serai exposé: refoulé.
    Mon entourage m'avait conseillé vivement de ne pas m'aventurer pour faire un trajet si long et revenir réexpédié comme un colis à son expéditeur pour adresse inconnue.
    Devant ce dilemme,une décision à prendre s'impose,après avoir pesé le pour et le contre,j'ai décidé d'effectuer le voyage et tant pis pour ce qui arrivera.
    Durant la durée du vol de la première étape,un détail surgit et réactive en moi une autre inquiétude en plus de celle du refoulement: comment vais-je m'en sortir une fois devant la police des frontières américaine? et comment vais-je m'exprimer?; les quelques mots en anglais appris via l'internet pour le besoin du voyage vont-ils me tirer d'affaire d'un interrogatoire certaine?.
    A Charles De Gaulle,au moment de l'embarquement pour la deuxième étape,un événement auquel je m'y attendais point,je l'ai subi d'abord avec un sentiment de mauvais augure pour ce qui va m'arriver par la suite,puis comme une humiliation: de l'ensemble des voyageurs ,au moment de passer la barrière,un monsieur de la sécurité me dit: ''monsieur mettez vous de coté,on va vous fouiller''.
    Les souliers,ceinture et chaussettes furent enlevés comme il m'a été demandé,puis avec des mains gantées bras et jambes écartés on a tâté le col de ma chemise,passer les mains entre mes jambes,explorer minutieusement mes chaussures,.Un fois la fouille corporelle terminée c'est au tour d'une demoiselle qui avec un sourire qui plaide visiblement pour une gène de me voir ainsi soumis à une inspection minutieuse,mon age et les apparences d'un monsieur sans problèmes étaient peut être pour quelque chose.Elle jette un coup d’œil rapide et furtif sur le contenu de ma valise puis m'invite à m’asseoir sur une chaise pour mettre calmement en ordre mes affaires et mes vêtements.Je n'était pas contre la fouille,mais contre cette manière de la faire devant tout le monde,au moins derrière un rideau.
    Après neuf heures de vol,me voilà arrivé en pleine nuit à destination:John Kennedy airport. Le pilote d'Air France avait du mal pour garer son appareil,son Boeing continu de rouler,de rouler à la recherche certainement d'une place,presque tous les voyageurs se sont levés malgré un appel des hôtesses à la patience et attendre l’immobilisation totale de l'avion.Il parait que des incidents sont fréquents en Amérique à cause de la densité du trafic et du nombre d'avions qui atterrissent H24 l'un derrière l'autre.
    Une fois dehors du carlingue de l'avion,foulant pour la première fois de ma vie le sol de l'Amérique,ce pays qui m'a fait peur, et,au milieu d'une nuée de personnes ,je prends le même chemin qu'elles sachant que le tout se dirige inévitablement vers les postes de contrôle,je me suis mêlé donc avec courage à ce flux humain migratoire comme si j'étais un habitué.
    Après une marche et descente,je me suis trouvé derrière la fin d'une chaîne interminable ou toutes les nations sont représentées et dont le mouvement serpente très lentement entre des piquets. Pas question de sortir du rang même pour un besoin naturel urgent: la file ne fait que grossir et s'allonger au fur et à mesure de l'arrivée des quatre coins du monde sans cesse des avions.
    Entre l'instant de mon arrivée à la queue de la file et celui ou je suis trouvé face aux guichets de la police des frontières c'est un temps assez long qui s'est écoulé.Avec la fatigue plus l'inquiétude du sort qui me sera réservé et ne sachant faire autre chose de mieux,il ne me restait que de patienter: je n'était pas plus important que les vieilles personnes qui étaient là avec moi entrain d'attendre comme moi leur tour,fatiguées elles se reposaient sur leurs valises pour se lever ensuite,avancer et s’asseoir de nouveau.
    En fin de parcours,je me suis trouvé enfin tout près de deux postes de controle,un à gauche et l'autre à droite attendant seulement le signal pour me diriger vers l'un ou vers l'autre.En observateur attentif vers les deux cotés,il y a de quoi,j'ai eu le pré-sentiment que si on m'oriente vers le poste de droite occupé par un de ces gaillard blanc américains,je n'aurai certainement pas le OK pour passer.Par contre celui de gauche,occupé par une dame noire,très occupée avec un chinois et ses enfants qui essaye avec de larges sourires répétés et tenant un paquet de paperasse pour se justifier,j'avoue qu'en voyant sa manière de s'occuper de cette famille chinoise,j'avais espéré sur le champ de tomber entre ses mains que celles du monsieur de gauche.
    L'affaire du chinois était terminée quand cette femme noire en tenue de service me fait signe d'approcher et c'est ce que j'ai souhaité.Une fois devant elle,elle m'a regardé et machinalement je lui lance avant même qu'elle me parle: ''I not speak Inglish'', ''I speak french or arabic'' appris bien entendu auparavant par cœur.Elle m'observe encore une fois,puis me demande en français de poser mes doigts sur un appareil,de me mettre ensuite bien en face d'une caméra,voulant lui montrer pour me justifier d'autres documents en ma possession comme par exemple l'assurance de voyage,elle m'avait fait un signe de sa main droite comme si elle voulait dire ''ce n'est pas la peine,je comprends votre cas''.Elle feuillette les pages de mon passeport puis tape sur le visa le cachet du OK en me le remettant avec un fin sourire.
    A cet instant mon cauchemar venait de se terminer et mes inquiétudes évaporées,une fois de l'autre coté,j'ai lancé au fond de moi même le même cri de Rastignac qui voulait pénétrer une fois dans le beau monde de Paris.........''A nous deux maintenant New York City''.
    Pour Manhattan,Roosevelt quartier est maison,la statue de la liberté,le quartier Astoria (déjà évoqué),les ponts,les rivières,les parcs,les restaurants halal etc........c'est une autre histoire.