• Jérôme GLAENTZLIN a publié Nietzsche, « par- delà le bien et le mal » : pourquoi

    NIETZSCHE, « Par- delà le bien et le mal » : Pourquoi écouter la voix de la conscience ?


    « Pourquoi écoutez-vous la voix de votre conscience ? Qu’est-ce qui vous donne le droit de croire que son jugement est infaillible ? Cette « croyance », n’y-a-t-il plus de conscience qui l’examine ? N’avez-vous jamais entendu parler d’une conscience intellectuelle ? D’une conscience qui se tienne derrière votre « conscience » ? Votre jugement « ceci est bien » a une genèse dans vos instincts, penchants et vos répugnances, vos expériences et vos inexpériences ; « comment ce jugement est-il né ? » C’est aussi une question que vous devez vous poser, et, aussitôt après, celle-ci : « qu’est-ce exactement qui me pousse à obéir à ce jugement ? » Car vous pouvez suivre son ordre comme un brave soldat qui entend la voix de son chef. Ou comme une femme qui aime celui qui commande. Ou encore comme un flatteur, un lâche qui a peur de son maître. Ou comme un imbécile qui écoute parce qu’il n’a rien à objecter. En un mot vous pouvez écouter votre conscience de mille façons différentes. »


    PASCAL, « Les Pensées » : Les grandeurs naturelles et les grandeurs d’établissement.


    « Il y a dans le monde deux sortes de grandeurs ; car il y a des grandeurs d’établissement et des grandeurs naturelles. Les grandeurs d’établissement dépendent de la volonté des hommes, qui ont cru avec raison devoir honorer certains états et y attacher certains respects. Les dignités et la noblesse sont de ce genre. En un pays on honore les nobles, en l’autre les roturiers ; en celui-ci les aînés, en cet autre les cadets. Pourquoi cela ? Parce qu’il a plu aux hommes. La chose étant indifférente avant l’établissement : après l’établissement elle devient juste, parce qu’il est injuste de la troubler.


    Les grandeurs naturelles sont celles qui sont indépendantes de la fantaisie des hommes, parce qu’elles consistent dans les qualités réelles et effectives de l’âme et du corps, qui rendent l’une ou l’autre plus estimables, comme les sciences, la lumière de l’esprit, la vertu, la santé, la force.


    Nous devons quelque chose à l’une et à l’autre de ces grandeurs ; mais comme elles sont d’une nature différente, nous leur devons aussi différents respects. Aux grandeurs d’établissement, nous leur devons les respects d’établissement, c’est-à-dire certaines cérémonies extérieures qui doivent être néanmoins accompagnées, selon la raison, d’une reconnaissance intérieure de la justice de cet ordre, mais qui ne nous font pas concevoir quelque qualité réelle en ceux que nous honorons de cette sorte. Il faut parler aux rois à genoux ; il faut se tenir debout dans la chambre des princes. C’est une sottise et une bassesse d’esprit que de leur refuser ces devoirs.


    Mais pour les respects naturels qui consistent dans l’estime, nous ne les devons qu’aux grandeurs naturelles ; et nous devons au contraire le mépris et l’aversion aux qualités contraires à ces grandeurs naturelles. »

    A. Mendiri