• Francis FLEURY (FRANCIS) a publié Moi, le suprême.

    Augusto Roa Bastos (Ypsilon 2020) (par Léon-Marc Levy)
    Car – hors le Paraguay en soi – l’autre grande affaire de ce livre c’est la littérature. Et Roa Bastos commence son interrogation par sa propre littérature et il n’est pas tendre avec lui-même, ouvrant ainsi un abîme insondable sous les pieds de l’auteur-narrateur-Dictateur-compilateur de ce roman. Qui écrit ? Roa Bastos ou le Suprême s’étant emparé de la personne de l’auteur ?
    "On ne peut pas écrire d’histoire avec le Pouvoir Absolu. Si cela était faisable, le Suprême serait de trop : ou dans la littérature, ou dans la réalité. Qui écrira ces livres ? Des gens ignorants comme toi. Des scribes professionnels. Des menteurs pharisiens. Des compilateurs imbéciles d’écrits non moins imbéciles. Les paroles d’ordre et d’autorité – paroles au-dessus des paroles – seront transformées en paroles de ruse et de mensonge. Paroles en-dessous des paroles. Si quelqu’un veut à tout prix parler de quelqu’un d’autre, il ne doit pas seulement se mettre à sa place : il doit être cette personne. Seul le semblable peut écrire sur le semblable. Seuls les morts pourraient écrire sur les morts."