• Jérôme GLAENTZLIN a publié Platon

    Pour Platon, la dialectique] ne s'agit pas d'une lutte entre deux individus dans lequel le plus habile imposera son point de vue, mais d'un effort mené en commun par deux interlocuteurs qui veulent s'accorder avec les exigences rationnelles du discours sensé, du logos.
    [...]
    Un vrai dialogue n'est possible que si l'on veut vraiment dialoguer. Grâce à cet accord entre interlocuteurs, renouvelé à chaque étape de la discussion, ce n'est pas l'un des interlocuteurs qui impose sa vérité à l'autre ; bien au contraire, le dialogue leur apprend à se mettre à la place de l'autre, donc à dépasser leur propre point de vue. Grâce à leur effort sincère, les interlocuteurs découvrent par eux-mêmes, et en eux-mêmes, une vérité indépendante d'eux, dans la mesure où ils se soumettent à une autorité supérieure, le logos.
    Comme dans toute la philosophie antique, la philosophie consiste ici dans le mouvement par lequel l'individu se transcende dans quelque chose qui le dépasse, pour Platon, dans le logos, dans le discours qui implique une exigence de rationalité et d'universalité. D'ailleurs ce logos ne représente pas une sorte de savoir absolu ; il s'agit en fait de l'accord qui s'établit entre des interlocuteurs qui sont amenés à admettre en commun certaines positions, accord dans lequel ceux-ci dépassent leurs points de vue particuliers.

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    p.118
    V. Goldschmidt [...] a proposé la meilleure explication de·ce fait en disant que les dialogues n'ont pas été écrits pour «informer», mais pour «former». Telle est, tout aussi bien, l'intention profonde de la philosophie de Platon. Sa philosophie ne consiste pas à construire un système théorique de la réalité et à en «informer» ensuite ses lecteurs, en écrivant une suite de dialogues exposant méthodiquement ce système, mais elle consiste à «former», c'est-à-dire à transformer les individus, en leur faisant expérimenter, dans l'exemple du dialogue auquel le lecteur a l'illusion d'assister, les exigences de la raison et finalement la norme du bien.
    "Pierre Hadot"

    • Oui, on avait besoin d'un éclairage datant d'avant la fée électricité