• Jean-Claude PINAUD a publié Retour sur mon premier solo aux 24 heures du mans roller

    Solo, only Solo

    En 2014, à près de 60 ans, j'ai eu l'opportunité d'effectuer mon premier 24 heures du Mans avec une équipe du PUC. Cette expèrience m'a laissé un souvenir impérissable et m'a convaincue d'y retourner.
    Alors que les inscriptions étaient de nouveau ouvertes pour 2015, je m'adressais à mon ancien club, les Patineurs bergeracois qui avaient projeté d'inscrire une équipe ou deux. Hélas l'idée a été abandonnée et même Maurens près de Bergerac qui avait participé l'année précédente ne se représentait plus. Je me retournais donc vers mon club d'adoption de l'année passée mais visiblement les équipes étaient formées.
    Par défaut, je me suis inscrit en solo comptant revendre ma place dès que je trouverai une place en équipe.
    Le temps passant sans offre de rejoindre une équipe, et la perspective de ne pouvoir revendre ma place, l'idée à germé de finalement rester en solo. Un défi un peu dingue mais je suis parti dans l'optique de me faire plaisir et non de chercher la performance sportive.
    Je consultais donc les forums, sites et blogs dédiés me nourissant d'expériences et de récits d'autres solis. En ce sens la rubrique relative à cette épreuve sur le forum de REL est vraiment bien fournie.
    Dans un premier temps, se fixer un objectif. Ce fut 80 tours (334,8 km) au début, mais le défi me semblant un tantinet présomptueux, je revis à la baisse ce dernier et fixais un seuil de 60 tours (251,1 km) qui me paraissait plus accessible.
    Ensuite constituer un plan de roulage que j'élaborai au vu des expériences vécues d'autres solis. Ce plan de roulage serait affiné au fur et à mesure de mes entraînements futurs.
    L'entraînement roller en Corse tient lieu du sacerdoce. D'abord parce que je crois être le seul patineur compétiteur à rouler ensuite les infrastructures inexistantes (ou existantes mais interdites au rollers), qui m'obligent à utiliser une vieille piste cyclable défoncée et peu entretenue, fréquentée par les cyclistes pas toujours sympas, mais aussi les piétons, les joggers, les mamans avec leurs landaux et parfois les gamins à scooter, ou d'autres fois encombrées de voitures garées dont les conducteurs se rendent à la plage. Sur la fin j'ai trouvé aussi le parking d'une grande surface qui m'offre un circuit de 600 mètres assez praticable avec même une petite montée et la descente à l'avenant. Seul problème je ne peux l'utiliser que le dimanche , jour de fermeture.
    Cependant les premiers entraînements étaient assez encourageants car j'arrivais à rouler plus vite que la moyenne fixée pour Le Mans.
    En parallèle j'ai établi une « check list » afin de ne rien oublier le jour « J ». En ceci je remercie Bruce (objectif 100 tours) et Franck Tarascon chez lesquels j'ai puisé une masse d'idées pour mon ravitaillement et mon matériel.
    De janvier à juin, plus le temps passait, plus ma confiance augmentait. Je me suis vite senti prêt psychologiquement et physiquement (malgré un petit souci au pied droit, arthrose et ligament fatigué).
    Et voici le moment du départ. Billet de bateau en poche, je fais la traversée et arrive au camping le vendredi après midi. Je me trouve un petit coin sympa isolé sous les arbres . Seules 2 tentes de coureurs Anglais sont plantées là. Mais voici que 2 heures plus tard, toute une ribambelle de nos amis d'outre-Manche du London Skate arrive et c'est toute une colonie Britannique qui cerne ma pauvre petite tente ceinte du drapeau Corse, un remake de Waterloo ? La soirée un peu bruyante ponctuée par la levée de l'Union Jack au son du « God Save the Queen », si elle me gène au début, ne me dérange que peu de temps, car je m'endors bien vite. Le lendemain mes voisins Anglais voyant que je concourrais en solo et très fair play s'excusent pour le bruit et le dérangement.
    La matinée du samedi est employée à la récupération de la puce et du dossard, puis par la parade. Après un déjeuner rapide, il me faut investir les paddocks des solis. Bonne ambiance dans ceux-ci, car ne se connaissant pas pour la plupart, nous le faisons bien vite et échangeons conseils, astuces et idées. J'y retrouve Mike animateur du site Coacto que je ne connaissais que par le biais du net et qui m'a prodigué moultes conseils pour ma préparation. Il y a aussi Sabrina en pleine concentration qui cette année oeuvre en solo pour récolter des fonds au profit d'enfants atteints de pseudo arthrose. Je ne fais pas les qualifications comme la plupart des solis car je pense que roulant moins vite, l'enjeu d'une bonne place au départ n'est pas indispensable. Et nous voici au départ. Je pense un moment que se chausser, pour se déchausser, pour se rechausser est un peu futile, mais c'est aussi ce qui fait la particularité des départs au Mans.
    Départ : je traverse la chaussée et me chausse sans précipitation, puis pars à mon rythme. J'ai décidé de rouler 3 heures puis de m'octroyer une heure de pause pour manger. Ca se passe plutôt bien malgrè la chaleur et j'enchaîne les tours à environ 13' ce qui, à la pause me voit crédité de 2 tours d'avance sur mon planning.


    Je repars à 20 heures pour 3 h 30 mais finalement roule jusqu'à minuit. Pas de progrès sur cette tranche, toujours mes 21 tours d'avance, preuve que j'ai ralenti et effectivement je saisis une moyenne de 14' à 16' au tour. A minuit je rentre au paddock mais je n'arrive pas à dormir, peut-être la tension nerveuse dûe à la course. Lorsque j'y arrive, ce sont d'horribles crampes qui me réveillent. Finalement à 2 heures ne parvenant toujours pas à dormir, je casse la croûte et je rechausse pour repartir à 3 heures au lieu de 4 heures du matin prévu. Il est bien plus agréable de rouler la nuit à la fraîche même si je manque de sommeil.
    Et les tours s'enchaînent. La montée incessante du Dunlop puis la descente jouissive de ce dernier. Cela relève presque du masochisme, se casser les jambes sur cette montée, encore et encore, pour se faire un plaisir fou dans la descente. Plusieurs trains de solis me doublent. On me propose souvent d'y coller, mais je n'ai pas appris à rouler en groupe et ils vont bien trop vite pour moi. J'ai apprécié les encouragements d'autres solis, comme Dan solo, Sabrina...(pardon pour ceux que j'oublie), mais aussi de duos ou membres d'équipes et qui parfois me poussent pour m'aider, mais pour s'aider aussi à garder un rythme.
    Le lever de soleil sur le Dunlop est un bonheur. Je voulais le voir l'an dernier mais avec la pluie que nennie. Je fais une photo, mais elle est floue. Irai-je trop vite ? J'ai moins apprécié ces hordes de moucherons qui rentraient dans les dents en descente au coucher du soleil.
    Je cesse de rouler à 7h30 pour déjeuner un peu et j'y retourne une heure plus tard jusqu'à midi mais entrecoupés de petites pauses de 5 à 10 mn toutes les heures, la fatigue se faisant sentir. De toutes façons j'ai perdu mes 2 tours d'avance et je suis même en retard sur mes prévisions. Ce départ avancé dans la nuit m'a permis de surseoir au roulage de 13h à 15h et de me reposer un peu. Je n'arriverai pas à remplir mon objectif de 60 tours mais en même temps j'échappe à la chaleur torride de la piste et à mon âge il ne me faut pas trop de soleil.
    15 heures, nouveau départ pour enfin être libéré de cette course éprouvante pour le corps et l'esprit mais tellement belle.
    Deux tours encore et à 20 minutes de l'arrivée je me poste en haut du Dunlop avec d'autres solis pour attendre le moment de terminer. Je n'aurai pas eu quand même la force de faire un tour de plus. Sabrina passe devant nous avec sa sœur Jessica en lièvre, elle , veut remplir son contrat, et elle le fera haut la main. L'arrivée tous ensembles est délirante, applaudis, encouragés, glorifiés et tout le monde tellment heureux d'en terminer.
    J'ai fait seulement 47 tours (196,950 km) mais je suis fier d'avoir pu me dépasser, d'avoir prouvé que « quand on veut, on peut », comme me le disait si souvent mon grand-père. Je ne sais pas encore si je retenterais l'expèrience, et il est probable que oui, du moins tant que j'aurai la force nécessaire, mais la passion du roller me donne cette force. Néanmoins j'aurai passé un week-end de folie rempli de souvenirs extraordinaires. Je remercie mon coach qui m'a soutenu plus moralement que pour la logistique, mais bon je ne lui en veut pas.
    A ceux qui voudraient tenter l'aventure du solo sur les 24 heures du Mans, faîtes-le. Il suffit de le vouloir et de se lancer, après c'est pour le plaisir de rouler.

    Corsica Roller Solo Alias Roller 2B

    • Super jean Claude, Moi il y a un bon moment que j'ai arrêter les 24 h de roche la molière à la course, je fais de la marche nordique car à 63 ans ça devient dure de courrire

    • Marc RIQUET Joli performance moi je n'aurais pas fait deux tours