• Christophe DALLONGEVILLE a publié Poesie

    J'ai retrouvé dans le grenier
    Tous mes vieux cahiers d'écolier

    J'ai retrouvé tout mon passé
    Tous mes espoirs de pauvre niais

    J'ai bien fouillé dans ce panier
    Panier d'osier,fallait oser

    Oser violer tout ce passé
    Ecriture molle et apeurée

    J'aime à remonter les années
    Plus j'avance et plus moi je vais

    Je vis un peu en arriéré
    En décalé,j'aime flashbacker

    • Marc LAGRANGE Inspire-moi, vieux maître, un seul de ces quatrains
      Que tu rimais pour rien, pour l' orgueil de la rime !
      Prête-moi ta palette, et permets-moi ce crime
      D' essayer après toi d' en rimer encore un !

      Hélas ! Je crois ouïr ta voix douce et bourrue :
      « Mon fils, garde-toi bien de suivre ainsi mes pas !
      Les beaux vers, cétait bon sous Thiers et sous Maupas,
      Quand l' honnête homme osait avoir pignon sur rue,

    • Marc LAGRANGE Mais aujourdhui, que diable ! on est évolué !
      Quel ridicule as-tu de vouloir être un maître ?
      Fais de vers libre, enfant ! Cest mieux que l' hexamètre,
      C' est moins lourd, c' est beaucoup plus facile à clouer.

      Ça vous fait un cercueil très bien pour Polymnie,
      D' une forme réduite et pauvre assurément :
      Mais qu' en restera-t-il après l' enterrement ?
      Ça durera le temps de la cérémonie ! »



      JEAN PIGNON

      les
      pommes
      d' or

      Exemplaire sur vélin pur fil Lafuma n°105/300
      21 décembre 1970
      Dédicacé le 5 décembre 1973

    • Marc LAGRANGE ODE AUX HÉROS
      DE LA RÉSISTANCE



      Je vous salue, ô vous, Héros de l' An Quarante !

      Quand le teuton vainqueur eut franchi la Charente,
      Quand on sut qu'il fallait ou se rendre ou mourir,
      Trop d' entre nous, hélas ! doutant de l' avenir,
      Ont préféré courber le front, jeter les armes ;
      Mais vous, ni l' humble effroi de vos larmes en larmes
      Ni l' appel du foyer que vous pouviez revoir
      Ne vous ont détournés de votre haut devoir.

    • Marc LAGRANGE Soldats trahis, vos yeux, depuis la rive anglaise,
      Cherchaient encore au loin Dunkerque et sa falaise,
      Et votre pays mort, couché sous un drap noir
      Mais vous gardiez la foi sans abdiquer l' espoir,
      Vous n' étiez pas de ceux dont l' âme se résigne ;
      Vous saviez l' avenir, et vous nous faisiez signe
      De croire aux lendemains qui nous viendraient de vous.

    • Christophe DALLONGEVILLE Par les soirs bleus d'été, j'irai sur les sentiers,

    • Christophe DALLONGEVILLE Picoté par les blés, fouler l'herbe menue; Réveur, j'ensentirai la fraicheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma téte nue. RIMBAUD

    • Marc LAGRANGE Vainement, la tempête ébranlait de ses coups
      L' île amie où déjà se levait la revanche :
      Comme des matelots rivés au mât qui penche,
      Autour du vieux drapeau que vous aviez planté,
      Accablés, mais debout, on vous voyait lutter.
      Vous vous donniez la main pour affronter l' orage ;
      Et, grâce à vous, la France échappait au naufrage !

    • Marc LAGRANGE Et vous aussi, je songe à vous, adolescents
      Sublimes, qu' on disait à se battre impuissants ;
      A vous, vieillards, guerriers blanchis de l' autre guerre,
      Qui, vous souvenant de Verdun de naguère,
      N' avez pas accepté le Pétain d' aujourdhui !
      Je songe à vos douleurs qui marchaient dans la nuit.
      Sans armes, vous alliez, la veste sur l' épaule,
      Pour répondre à l' appel du Général de Gaulle.

    • Marc LAGRANGE Par les routes sans fin qui menaient à l' exil,
      Votre pas résonnait, solitaire et viril ;
      L' œil fixé sur le but, vous franchissiez les lieues ;
      La Méditerranée où les heures sont bleues
      Berçait votre fatigue, et l' Afrique, un matin,
      Vous accueillait avec son sourire enfantin ;
      Mais, du bras écrasant cette hôtesse attirante,
      Vous passiez, poursuivant de votre course ardente

    • Marc LAGRANGE Vos aînés ou vos fils prêts pour d' autres combats.
      Oh ! Quelle joie en vous de retrouver là-bas
      Comme le cœur bondit, quand la trompette vibre
      Nos trois couleurs claquant dans un ciel pur et libre !
      Dans ce Maroc si beau qu' un Lorrain nous donna !
      Comme on comprend alors ce qu' on est, ce qu' on a,
      Dans ces blés d' Algérie où passa l' ombre fière
      Des tambours de Bugeaud et de Lamoricière !

    • Marc LAGRANGE D' autres, les moins heureux, sont restés en chemin.
      Leur faiblesse a trompé leur effort surhumain ;
      Ils sont tombés, les bras tendus vers l' impossible
      Comme la flèche avant d' avoir atteint la cible,
      Leur élan s' est brisé contre un mur inconnu.
      J' en sais plus d' un, hélas ! qui n' est pas revenu
      De cette magnifique et sanglante aventure ;
      Et tous ont mérité la grande sépulture

    • Marc LAGRANGE Que garde la patrie éternelle à ses morts ;
      Mais si je chante ici le triomphe des forts,
      De ceux dont la Victoire a payé le martyre,
      Ah ! c' est vous que je plains surtout et que j' admire,
      Pèlerins harassés d' un idéal trop lourd,
      Les morts qui n' êtes morts que d' un excès d' amour !

    • Marc LAGRANGE Et vous, hélas ! quand sur vos villes affamées
      Flottait insolemment l' ombre des croix gammées,
      Quand planait l' aigle noir au-dessus de Paris,
      Quand le sourire épais des uniformes gris
      Se reflétait dans l' eau tremblante de la Seine,
      Quand ce crachat, Montoire, un doucereux Bazaine
      L' essuyait sur nos fronts avec notre drapeau,
      Vous tous qui, méprisant l' aveugle Gestapo

    • Marc LAGRANGE Et préférant la mort chantante à l' esclavage,
      Avez escaladé la montagne sauvage
      De la révolte, et fait du devoir un maquis ;
      O vous, les tirailleurs des bois jamais conquis,
      Les vengeurs d' Oradour ! dans votre coin de terre,
      Cent contre un, pour forcer vos fureurs à se taire,
      L' Allemand vous traquait ; et vous, un contre cent,
      Vous luttiez ! Et les bois sont pleins de votre sang ;

    • Marc LAGRANGE Vos cadavres mouillés, dont l' œil vague s' étonne,
      N' auront eu pour lauriers que les feuilles d' automne
      Mais vous n' êtes pas morts en vain, les F.F.I. :
      Jusqu' au bout, vous l' aurez tenu, votre défi
      De vaincre ou de périr pour l' honneur de la race !
      Vous avez eu raison de la Bête vorace ;
      Le monstre à ce combat n' aura pas survécu,
      Et vous n' êtes tombés qu' après avoir vaincu !

    • Marc LAGRANGE Et vous les déportés !
      Visions dépouvante !
      Le crime organisé, la torture savante
      Ont comblé les Dachau des os de nos martyrs
      Il n' est pas de remords et pas de repentirs
      Qui puissent racheter de telles forfaitures !
      Pêle-mêle, entassés dans toutes les postures,
      Sous ces funèbres champs qui n' auront plus de fleurs,
      La bouche pleine encor du sanglot des douleurs,

    • Marc LAGRANGE Spectres, vous pourrissez, vous devenez poussières !
      On vous a torturés de toutes les manières
      Pour tuer la patrie et la foi dans vos cœurs,
      Et vous avez gravi, sous les rires moqueurs,
      Le calvaire le plus âpre et le plus terrible !
      Car vous fûtes de ceux qui crurent impossible
      Que faiblit la vertu, même livrée aux loups ;
      Vous n' avez pas voulu d' une paix à genoux ;

    • Marc LAGRANGE Vous avez refusé d' adorer l' Etre immonde
      Qui, depuis vingt mille ans, cherche à tuer le monde,
      En poussant devant lui l' éternel Attila.
      Et combien de Français ont fait ce refus-là !
      Qu' il en est, parmi vous, de ces fils de Gaule
      Qui, sûrs de la justice et marchant pour de Gaulle,
      Ont gravi ce calvaire impérissablement !
      Ils n' auront pas connu le céleste moment

    • Marc LAGRANGE Ils n' auront pas pu voir le jour de la revanche
      Hélas ! Je vous salue, ô mes pâles amis !
      Mon âme veille auprès de vos fronts endormis,
      Comme une douce lampe allumée à vos flammes,
      Je vous salue au nom des mères et des femmes,

    • Marc LAGRANGE Je vous salue au nom des lendemains heureux
      Qui peut-être oublieront ce qu' on souffert pour eux
      Vos fantômes perdus de la guerre méchante !
      Et je vous pleure au nom du Rêve, et je vous chante
      Au nom du Souvenir, pour vos corps immolés
      Qui tremblent sous la pluie et le vent désolés,
      Pour vos cachots peuplés de vos douleurs farouches,
      Et pour la marseillaise éteinte dans vos bouches !

    • Marc LAGRANGE Frères, c' est grâce à vous que le monde est sauvé !
      C' est parce que Paris un matin s' est levé,
      L' arme au poing, s' inspirant de votre sacrifice,
      Pour hâter avec vous l' heure de la justice,
      Que l' Europe éblouie a vu tomber ses fers.
      En holocauste au Mal vous vous êtes offerts,
      Votre sang a payé la dette expiatoire,
      O résistants dressés contre l' Idole noire,

    • Marc LAGRANGE Héros de l' An Quarante, F.F.I., déportés !
      Les siècles salueront vos générosités
      Comme ici le poète incliné le salue.
      Gloire à vous dans les temps ! Votre mémoire élue
      S' inscrira sur le Temple, et l' immense avenir
      Viendra prier autour de votre souvenir.

    • Marc LAGRANGE Vous vivrez, couronnés de jeunesse immortelle !
      Et tous les Phidias et tous les Praxitèle
      Jalouseront l' honneur de sculpter votre élan
      Dans la virginité du marbre le plus blanc.
      Alors, tous, réunis sous une même épée,
      Légendaires soldats de la grande épopée,

    • Jean RODRIGUEZ Voilà une QR. Instructive intéressante et intelligente. Belle journée.

    • Marc LAGRANGE Vous montrerez la route à ceux qui trembleront ;
      Vous leur direz comment on efface un affront,
      De quel amour il faut qu' on aime la patrie,
      Et que, pour délivrer cette grande meurtrie,
      A l' heure où le tocsin retentit dans la tour,
      Il n' est d' effort trop grand ni de glaive trop lourd !



      JEAN PIGNON

      les
      pommes
      d' or

      exemplaire sur vélin pur fil Lafuma n°105/300
      21 décembre 1970